Une performance extraordinaire au carrefour de deux mondes

Prestations | 26.05.2019

WOW! C’est ce que l’on aurait pu s’exclamer ce samedi 25 mai 2019 à la suite de la performance présentée par la Landwehr de Fribourg et The Young Gods. Le défi était pourtant de taille. D’un côté, La Landwehr de Fribourg, 215 ans, orchestre d’harmonie au répertoire varié, au parcours d’excellence, et ses quelque nonante musiciens d’une moyenne d’âge de 32 ans. De l’autre, The Young Gods, groupe de rock électronique mythique, d’origine fribourgeoise, qui a enchaîné depuis les années huitante des tournées de concerts internationales, « dieux de l’exploration électronique depuis des décennies » comme le soulignait Tamara Bongard de la Liberté, moyenne d’âge…58 ans.

In Cc’est 53 motifs (un groupe de notes à répéter) qui sont écrits par l’Américain Terry Riley pour être joués, en cellule autonome, à un rythme absolument constant du début à la fin de la pièce. Ce cadre donné, les autres règles sont alors relativement simples. Chaque musicien répète chaque motif un nombre de fois qui lui semble convenable ; toutefois, chacun ne joue pas nécessairement le même motif au même moment, compte tenu du fait que les musiciens ont le droit de commencer quand ils le pensent, afin d’assurer un aspect aléatoire à l’ensemble de la construction musicale, au gré de la répétition des motifs. Classée dans le genre minimaliste, la pièce génère ainsi un magma sonore (en do) qui évolue, se transforme au gré des motifs et de l’avancement de la pièce. L’interprétation dépend alors beaucoup de la qualité d’écoute de chaque musicien et produit des instants tout simplement magiques.

La halle grise de Bluefactory s’est ainsi parée de couleurs, visuelles et sonores. L’électronique des Young Gods, placés au centre de la halle ; les sonorités tout en nuance des Landwehriens en uniforme de gala, répartis aux quatre coins de la salle ; un registre de percussions impressionnant entourant les Young Gods; et entre la Landwehr et les Young Gods, déambulant au gré de la musique, le public, de deux cultures et horizons différents. Un public d’abord intrigué, puis curieux, enfin totalement conquis à l’issue de cette performance unique. Une parfaite harmonie des sens, une communication au-delà des mots qui marquera sans nul doute durablement les esprits des musiciens et des auditeurs et spectateurs présents. Merci aussi au Young Gods de ce moment magique et à la Landwehr ainsi qu’à son directeur, Benedikt Hayoz, d’avoir relevé ce défi un peu fou.

Le festival Technoculture 2 qui a constitué l’écrin de cette performance a vu se produire encore d’autres artistes durant la soirée, parmi lesquels Raphaël Sudan, pianiste aux talents multiples, qui accompagne également la Landwehr en concert. Il a interprété des variations sur des mélodies de Kraftwerk en introduction de la performance de la Landwehr et des Young Gods.

  • Photo: Laurette Heim

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