L’univers des percussions

Vie en Landwehr | 15.11.2014
  • Photo: Laurette Heim

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La base d’une harmonie est composée de différents types d’instruments, les cuivres, les bois et les percussions. A la Landwehr, ce dernier registre compte huit membres, deux filles et six garçons. Pour découvrir cet univers, le landwehrien a interviewé Sebastian Dorthe, percussionniste et chef du registre. Tout d’abord, ce registre étant une des parties du tout, il est totalement erroné d’imaginer, comme d’aucun serait tenté, qu’il est le garant du tempo. «La cheffe impulse des émotions», indique Sebastian, «et les différents registres prennent leurs responsabilités que ce soit au niveau de la rythmique ou qu’il s’agisse d’assurer une partie soliste». Il faut faire des phrasés, donner des couleurs et comprendre quel est l’effet recherché pour pouvoir rendre un son rond, agressif, harmonique ou fondamental. Bien sûr, n’ayant pas la même référence que le public, il est primordial que tous les musiciens, les percussionnistes en particulier, écoutent autour d’eux. L’ensemble des instruments de percussion se jouent individuellement comme dans les autres registres. Mais la différence est que le ou la percussionniste est tout•e seul•e à en jouer. Le rôle est donc particulièrement délicat puisqu’il•elle est toujours à découvert et ne peut «se cacher» parmi des semblables. Trois catégories pour un registre Les instruments de ce registre se classent en trois catégories. Les membranophones, tambours divers, djembés, congas, munis de peaux produisant un son amplifié par une caisse de raisonnance, un fut. Ceux-ci peuvent être accordés comme une timbale ou non accordé, comme la grosse caisse atonale qui n’a pas de note définie. Les cordophones dont les marteaux frappent les cordes et donnent directement le son, comme le piano ou le clavecin. Et les idiophones, divisés eux-même en deux catégories, les lamelophones, soit les xylophones, les vibraphones ou le celesta et le reste, les cloches, cloches tubulaires, triangles, castagnettes, maracas, enclumes, cymbales, gong ou encore vaisselle cassée… Il existe diverses manières de produire du son. Une cymbale par exemple peut être tapée, frottée ou grattée. Puis, la façon d’utiliser les actuateurs, soit les mains, le corps ainsi que les différentes baguettes, permet de donner différents types de sons, chaleureux, secs, et différentes énergies. Les baguettes peuvent être en bois dur ou tendre, en métal, bronze, alu, en corne ou encore en plastique dur. La forme et le poids des olives, qui peuvent être entourées de tissu, laine, feutrine ou mousse, influencent également les sons. Tout comme les diverses tensions des matériaux obtenues suivant les alliages, les épaisseurs et leur méthode de fabrication, à la main, à la forge ou usinée. Positionner le registre en concert Repérer les difficultés d’une pièce, gérer la répartition des instruments et anticiper la place qu’il y aura sur une scène pour disposer le matériel est une partie du travail du chef de registre. «Si une œuvre est écrite pour plus de percussionnistes qu’il y en a dans l’orchestre, il faut alors trouver une balance et faire un compromis entre la position des instruments et le choix des baguettes, en rapport au temps que les musiciens disposeront pour se déplacer» détaille Sebastian. Autrement dit, avoir une rigueur dans l’organisation pour que chacun trouve ce qu’il a besoin au moment et aux endroits adéquats. D’autre part, suivant l’acoustique, le tempo et la configuration des lieux de concerts, volume, estrade, parterre, mur arrière dur, rideaux, les frappes devront être accentuées, adoucies ou les baguettes changées. Avant un concours, l’idéal est d’aller «écouter la salle» mais si c’est impossible, l’adaptation se fera lors du raccord car au final la musique doit être toujours au service de l’œuvre. Afin qu’ils progressent et qu’ils puissent combler un éventuel déficit technique, d’oreille ou de culture musicale, les jeunes percussionnistes sont aidés par les plus expérimentés. Ces derniers leur donnent des retours, les quittancent au niveau des attaques ou des raisonnances ou les invitent à prendre de la distance en allant écouter le registre dix mètres plus loin. Toujours avant et toujours après Lourd et pénible. Toujours avant et toujours après le concert. Voilà le sort du percussionniste. «Sa malédiction», dit Sebastian en souriant. Il poursuit «C’est pourquoi, l’aide des autres registres est si précieuse et particulièrement appréciée!» Chaque concert demande en effet beaucoup de manutention. Tout d’abord, les instruments sont emballés et protégés dans des caisses ou des coffres. Après, il faut les sortir du local de répétition en les portant ou en les roulant. Ensuite, il s’agit de les charger dans un camion avec l’aide des huissiers et surtout d’un chauffeur «qui connait la musique», traduire qui connait leurs dimensions et leurs fragilités. Arrivés sur le lieu du spectacle, les instruments doivent être déchargés, amenés sur la scène et arrangés en fonction des besoins et de la place disponible. A la fin du concert, et avant tout apéro ou repas, ils doivent être remballés et rechargés dans le camion. Enfin, le lendemain en général, de retour au local, le tout doit être déchargé et réinstallé pour la prochaine répétition! A noter que certains voyages à l’étranger nécessitent en plus un transport aérien. Mais il n’est parfois pas possible de tout emporter et certains instruments doivent être réservés sur place. Cela signifie alors que les musiciens devront s’adapter à eux. Une autre gageure.