Une Landwehr impressionnante !

Prestations | 09.12.2016

Une Landwehr impressionnante !

C’est le commentaire qui était sur de nombreuses lèvres à la sortie du concert de gala de la Landwehr de ce week-end ! Il faut dire que le programme était à la fois exigeant musicalement et techniquement, mais aussi très plaisant à écouter. Les quelque 2000 auditeurs du week-end ont ainsi pu goûter à des plats très différents.

Une Jeune Garde Landwehrienne en mode majeur

Cette année, la Jeune Garde Landwehrienne (JGL pour les intimes) fête ses 20 ans de reconstitution. Un anniversaire tel que celui-ci se fête, mais se fête d’abord en musique. C’est donc un très beau programme, exigeant et de qualité, que ces jeunes musiciens ont proposé en ouverture de concert. Leur prestation se terminait par une marche créée pour l’occasion par William Schaller, musiciens de la Landwehr, qui joue encore à la JGL, et une pièce, Grow up, composée par le directeur de la JGL, Théo Schmitt. Ces deux oeuvres soulignent combien ces jeunes talents grandissent, tout en se renouvelant année après année. Mode majeur, avec des musiciens pour beaucoup encore mineurs, et un tonnerre d’applaudissements pour une exécution de grande qualité, qui a enthousiasmé le public et les Landwehriens attentifs en coulisse.

Une description musicale de Pierre Bruegel l’ancien

Le Portement de croix, tableau de 1564 de Pierre Bruegel l’ancien, représente la montée du Christ au Golgotha. Kevin Houben, jeune compositeur né en 1977, a composé une pièce en 2009 qui cherche à décrire ce tableau exceptionnel. Le public a été séduit par le talent expressif et d’illustrateur incroyable du compositeur.

En effet, la musique transmet ce patchwork de sentiments divers qui se mêlent, se suivent, s’entremêlent. Ici, les cuivres posent le décor solennel de la montée du Christ au Golgotha ; là, les clarinettes, les saxophones, les bassons, et les flûtes se répondent en des thèmes solistiques pour montrer le foisonnement d’individus de toute sorte qui suivent le cortège. Les bois entretiennent une certaine excitation, signe de la liberté qui demeure ; des adultes s’entretiennent, volubiles, malgré ce qui se préparent et la clarinette mib rappelle que les enfants jouent encore, en des accents très aigus.

L’auditeur se laisse alors emporter par un duo entre saxophone et hautbois qui tire l’âme vers plus de hauteur ; l’intensité du moment augmente, soutenue par les gros instruments. Les clarinettes maintiennent un sentiment tout à la fois d’inquiétude et d’excitation, jusqu’à ce que finalement le Christ termine son chemin. Un calvaire certes, mais quel bonheur à l’écoute de l’exécution de cette très belle pièce de Kebin Houben.

La retraite, moment rétrospectif sur une vie

Traveler de David Maslanka, américain né en 1943, est l’occasion pour ce compositeur adepte des harmonies riches de porter une réflexion sur la vie en l’honneur du départ à la retraite de son ami, directeur de l’ensemble musical de la University of Texas, à Arlington. Après les affirmations presque péremptoires des cuivres, c’est l’effervescence et l’agitation qui marquent une musique dont les harmonies sont encore imparfaites, difficiles. La Landwehr emporte alors l’auditeur sur un chemin plein d’énergie et de force qui débouche sur des thèmes harmonieux, amenés par un superbe thème au saxophone soprano et à la flûte. Les harmonies riches et profondes marquent la fin du 2e âge de la vie. La 3e et dernière séquence est annoncée par des trompettes en sourdine, puis par un hautbois à la ligne mélodique épurée qui porte les auditeurs présents à retenir leur souffle, en raison d’une émotion d’une rare intensité. Magique ! Fabuleux !

Bernstein v. Gershwin : une Landwehr au groove communicatif !

Toute la seconde partie du concert tourne autour d’une battle à la The Voice entre Leonard Bernstein, le compositeur de West Side Story, et George Gershwin, le compositeur le plus important du XXe siècle, avec des comédies musicales incomparables. Grâce aux arrangements pleins de talent, réalisés spécialement pour la Landwehr, par la Lucernoise Evi Güdel-Tanner, un combat d’égal à égal est devenu possible.

Jeune femme pleine d’énergie, à la voix chaude et jazzy à souhait, Dominique Lüthi a permis à la Landwehr de se dépasser. Elle transmet une vitalité et une justesse d’interprétation qui transcende les pièces, à tel point qu’on en vient à oublier que La Landwehr n’est pas un big band de 20 musiciens, mais un orchestre d’harmonie de 80 souffleurs.

L’auditoire est sous le charme, subjugué par le talent de Dominique Lüthi, par la parfaite maîtrise du groove de la directrice, Isabelle Ruf-Weber, et par une qualité d’exécution tout en finesse des musiciens de la Landwehr. Un vrai moment de bonheur !

En bis, Big Spender de Cy Coleman et El Cumbanchero, comme clin d’œil au Costa Rica, ponctuent de manière admirable un concert plein d’émotions musicales, qui a véritablement enthousiasmé les auditeurs présents. Bravo à la Landwehr !